Laotiens en Armorique

… Grand-mère était bien celle d’entre nous qui pouvait se targuer d’un parcours de réfugié. Elle avait fui une première fois son village natal de la région de Sam Neua au Nord du Laos, exposé aux combats de la guerre d’Indochine. Elle avait rejoint ses filles à Vientiane dans la capitale. Puis c’était elle qui avait séjourné le plus longtemps en camp, partie parmi les premiers en 1976 avec l’oncle Kham. Et nous avions fini par nous retrouver, tous ou presque, en France, à Rennes ou ailleurs. Papa venait d’appeler l’oncle Lamvieng, le cadet de ses frères, celui des Etats-Unis, pour lui annoncer la triste nouvelle et le tenir informé de l’organisation des obséques. Il écrirait demain à ceux restés au pays. Une vraie réfugiée notre Mé tao, déracinée, baignée de la nostalgie et du déchirement de l’exil…