Jeunes en prison

Pendant prés de 3 ans, nous avons rencontré plusieurs dizaines de jeunes délinquants en prison, pour essayer de comprendre. Parce qu’il s’agit d’adolescents de plus en plus jeunes, incarcérés pour des faits de plus en plus graves. Parce qu’aucun pays ne peut survivre longtemps au sacrifice d’une partie de sa jeunesse. Parce que cette délinquance est d’abord celle de l’exclusion. Par le savoir, par le travail, par le langage et surtout par le regard des autres. Mais à 15 ou 20 ans, on n’a pas encore renoncé à vivre. Alors, on se bricole des rêves et une vie d’errances pour combler le manque. Il s’agit ainsi de cogner faute de parler, de voler faute d’avoir et parfois de tuer faute d’exister. à la marge de notre société, ces jeunes se sont bricolés un patriotisme de quartier. La cité devient ainsi l’unique repère que l’on doit défendre contre cet ailleurs où l’on n’est plus rien. Cet ailleurs, cet étranger qui devient alors « l’ennemi ». La prison est souvent au bout de ce désespoir et c’est lé que nous avons posé notre caméra.