La juge et les lascars

Plus que jamais un enjeu électoral, le traitement de la délinquance des mineurs fait l’objet de nombreuses surenchères. Depuis 20 ans, les gouvernements successifs ont fait voter des lois souvent inapplicables, faute de moyens conséquents. Aujourd’hui en France, 400 juges des enfants traitent plus de 200 000 affaires par an. Soit 500 dossiers par magistrat. En 2005, 82 500 mineurs délinquants sont passés devant la justice. Une minorité de récidivistes, moins de 10%, pose de vrais problèmes. Franck, Pierrick et Farid sont trois de ces mineurs multirécidivistes. Nous les avons suivis pendant un an dans leur face à face avec les juges du tribunal de Melun. Ils sont fils d’immigrés de la troisième génération ou Français « de souche ». Pour la plupart, ils viennent des quartiers défavorisés, de la banlieue, des cités. Ils ont entre 16 et 18 ans, et déjà pésent sur eux la marque parfois indélébile de l’opprobre. Enfants en miettes aux parcours chaotiques avant d’être les « racailles » pour les uns, les « mineurs délinquants » pour d’autres, leur avenir est des plus incertains. Face à eux : la justice des mineurs, avec ses juges des enfants et ses éducateurs spécialisés de la PJJ qui vont tenter audiences après audiences de donner des repères à des adolescents souvent sans limites. Voyage au coeur d’une réalité complexe, loin des idées reéues, des procès d’intention et des réponses toutes faites