Dans le cadre de notre week-end d’ouverture du Mois du film documentaire aux Champs Libres à Rennes, nous avons reçu Denis Gheerbrant, réalisateur phare du cinéma direct, pour nous parler de son travail et de la façon dont il filme l’autre.
« Filmer l’Autre » : comment l’aborder, délivrer sa parole, la recueillir, la transmettre ? Toutes ces questions sont au cœur de l’œuvre du cinéaste, dont ses films QUESTION D’IDENTITÉ, ET LA VIE et LA COLLINE projetés à l’occasion de sa tournée bretillienne.
« Lorsqu’on rencontre quelqu’un, on commence par parler de choses assez larges. Mais petit à petit, ce qui se dessine, c’est la question : qui est l’autre ? qu’est-ce qui l’anime ? qu’est-ce qui nous anime nous ? qu’est-ce qui fait que le matin, tu as envie de te réveiller ?«
Ce qui anime Denis Gheerbrant, c’est la rencontre avec l’autre. Déjà lorsqu’il était étudiant, le réalisateur nous raconte qu’il passait plusieurs heures par jour dans le métro avec son Leica pour photographier les gens dans la rame : « La question de l’autre elle est directe, franche, brute, souvent sans parole d’ailleurs. Les gens se laissaient photographier dans le métro sans prononcer un mot« . Une activité photographique comme première approche du réel avant de passer à la réalisation de documentaire.
Lorsqu’il filme, Denis Gheerbrant cherche avant tout à comprendre l’expérience de la vie de l’autre. « On est pas dans « je me raconte », on est dans quelque chose qui se transmet, dans une parole intéressée. C’est une relation qui pour moi est essentielle, on me parle, mais on me parle parce qu’il y a une caméra, donc il y a un triangle qui s’établit. Et la caméra, c’est vous. La caméra c’est le spectateur. »
Cette approche documentaire, définit comme du « cinéma direct » (le désir de capter directement le réel et d’en transmettre la vérité) fait appel à l’incongru et la surprise. Denis Gheerbrant ne prépare pas ses entretiens. Le travail d’images (le montage) s’organise à partir de la parole recueillie : « La parole m’impose un certain type d’écriture ne serait-ce aussi que parce que la situation dans laquelle se déroule le tournage, est assez impliquante. Elle met le spectateur à l’intérieur de ce rapport, de cette rencontre.»
En attendant la sortie de notre Fugue (un podcast dédié au cinéma documentaire), nous vous recommandons la lecture du livre Denis Gheerbrant et la vie pour en savoir plus sur le travail du cinéaste.
La rencontre de l’autre par le cinéma, c’est aussi la démarche de Samuel Poisson-Quinton dans son film LA VIE TOTALE. Originaire de Groix, le réalisateur dresse le portrait d’une artiste-peintre à l’univers atypique. Un film léger et lumineux qui nous embarque dans l’amitié attendrissante. Il accompagnera toutes les tournées en Ille-et-Vilaine pendant le mois de novembre.
Le programme complet | Bande-annonce LA COLLINE | Bande-annonce LA VIE TOTALE