Le monastére, M. Vig et la nonne

Ce film est avant tout une histoire de silhouettes. Il y a celle de Vig, vieil homme bougon et solitaire qui, sous ses airs de sorcier d’un autre temps, semble tout droit sorti d’un conte d’Andersen. Il y a celle du château de Hesbjerg, acheté par Vig il y a cinquante ans dans l’espoir d’en faire un monastére, et qui croule désormais sous le poids des années. Il y a enfin celle de la soeur Ambrosia, dépéchée par l’Eglise orthodoxe russe pour évaluer le potentiel de la demeure. Entre Vig et la soeur, le dialogue peine à s’établir. La religieuse, autoritaire, aimerait que tout aille vite. Le vieil homme, qui répare ses lunettes avec un bout de sparadrap, aimerait en faire de même avec son château : recouvrir un à un les trous de béches en plastique, serrer quelques vis de la chaudiére défaillante. Tout cela, on l’apprend par é-coups, au fil d’une narration elliptique et fragmentée. Car la cinéaste filme et interroge Vig avec une pudeur bienveillante qui, parfois, rend les tenants et aboutissants de l’histoire difficiles à appréhender. Mais, entre les lignes du récit, s’esquisse la plus touchante des histoires : la naissance d’une amitié.