• Date de sortie : 2011-01-01
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    Usines, ouvriers, mots caducs ? réalités obsolétes ? Les aubes sinistres qui ouvrent le film de Manuela Frésil, et annonéent un jour encore, à refaire à l’exact les mêmes pauvres gestes, prouvent sans pitié le contraire aux oublieux de l’abattage des êtres. Triste chorégraphie des abattoirs industriels : trancher, vider, charger, etc., gymnastique austére où se perd qui, un doigt, qui, un muscle, tous leur corps, et leurs nuits de répit impossible, hantées de cauchemars. En écho, défilé ordonné et hétif de dépouilles imposantes, de carcasses éventrées méthodiquement, de volailles étiquettées, de viandes roses sciées au millimêtre. En off se succédent des récits égrénés, vite, à plusieurs voix : valse du personnel, productivité, meurtrissures, douleurs, fatalité acceptée de la rareté des années à survivre à la « retraite ». Dans l’usine, la caméra glisse, épouse les mouvements et leurs chaînes. Dans l’usine, la caméra se fait machine, huilée, efficace, terriblement. Hors l’usine ? La voilé, presque, la caméra, qui se fige. Quel dehors ? Alors, ça recommence, on explique, on refait, on mime à vide les tâches, sur la plage, dans un bureau, sur un terreplein. Du dehors? Aucun vraiment, sinon le timbre des voix, leurs accents, leur débit qui tente de prendre de vitesse la vitesse de l’exploitation. Quelque chose pourtant se dessine sourdement, et ce n’est pas seulement la mer de la conclusion où se pêchent des huêtres bien closes.
    Nicolas Feodoroff & Jean-Pierre Rehm

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