La nouvelle formule de REVERS débute ce vendredi 10 janvier au cinéma ARVOR (20h15) par une carte blanche à Claudio PAZIENZA avec 3 films qu’il a choisis.
Esprit de bière
de Claudio PAZIENZA, 2000, 52’
Genèse d’une commande d’Arte sur le thème de la bière, Claudio PAZIENZA explore le sujet, le fouille, le malaxe. Tout en s’interrogeant, l’auteur nous questionne. Il nous emmène là où on ne s’y attendait pas, dans un style qui se veut théâtral, à tendance didactique mais surtout très sensoriel.
« J’ai choisi ce film parce qu’il résume bien la démarche qui est du côté de la mise en scène du documentaire, d’un détournement du documentaire qui se voudrait pédagogique. Dans ce film mon approche est plus ironique, distancée. C’est – en quelque sorte – un objet ludique.
Je n’ai pas une approche naturaliste du documentaire. Je n’ai pas la prétention d’épuiser les sujets, de répondre ou d’épuiser des questions. Je crée plutôt du mouvement dans les films, des choses qui s’agitent dans l’esprit de ceux qui regardent.» Claudio PAZIENZA
Intervista
d’Anri SALA, 1998, 26’
Un étudiant en cinéma découvre un film, muet, où apparaît sa mère, militante communiste sous la dictature albanaise. Il part à la recherche de la bande sonore.
Le choix de Claudio PAZIENZA : « La principale raison est que, un peu comme moi, celui qui fait le film apparaît dans le film. Il porte la question. Il ne l’a fait pas porter par une voix off. Il l’incarne. Il avance dans son enquête en même temps que le spectateur. Il est dans le même état de découverte que je peux l’être moi. »
L’île aux fleurs
de Jorge FURTADO, 1989, 13’
Documentaire, démonstration, manifeste ? Difficile de qualifier ce court-métrage. Vous allez suivre les méandres du parcours d’une tomate depuis son champ jusqu’à un dépotoir qui reçoit des millions de tonnes d’ordures produites chaque jour dans la ville de Porto Alegre où vit le réalisateur.
Le choix de Claudio PAZIENZA : « L’île aux fleurs est une sorte de faux documentaire naturaliste. Par des travers excessivement ludiques, on finit par produire un effet de réel saisissant. L’artifice et la réalité fonctionnent bien ensemble. C’est une façon d’accéder à la vie. »
MASTER CLASS
Le samedi, Claudio PAZIENZA proposera aux adhérents, à partir d’extraits de ses films, et d’autres cinéastes, une
masterclass autour de l’enquête. Comment écrire et réaliser une enquête documentaire, avec ce qu’on prépare à l’avance, et ce qui n’est pas prévu et qu’on intègre à cette enquête ? Entre la forme de l’enquête lors de l’écriture du projet et ce que cette enquête devient dans le film terminé : que garde-t-on, qu’efface-t-on, que modifie-t-on ?
Cet article est le 1er d’un ensemble sur Claudio PAZIENZA qui comprend aussi un entretien et une ébauche de portrait du cinéaste.