Jeudi 22 février aura lieu la cinquième séance Bistrorama, et la première de 2024, au bar l’Amaryllis à Rennes. L’occasion de revenir sur cette programmation particulière à l’origine de l’association.
Killian Bouthemy, chargé de programmation et ancien service civique à Comptoir du Doc, raconte Bistrorama.
Photo, de gauche à droite : Marie Sizorn, Louise Filippi (réalisatrices), Killian Bouthemy
Pourquoi as-tu voulu remettre en route Bistrorama ? Qu’est-ce qui t’a parlé dans cette programmation, dont la formule (un film dans un bar) a créé Comptoir du Doc ?
J’ai repris cette programmation à la fin de ma première année de master. Une année remplie de rencontres, d’échanges mais aussi d’une volonté de faire collectif, de créer un espace de discussion qui rassemble. Je souhaitais recréer les ambiances que nos groupes de programmation connaissent bien à Comptoir du Doc, cette possibilité de discuter de cinéma documentaire lors d’un moment convivial. Les débats qui en émanent sont toujours passionnants et enrichissants.
En reprenant l’idée initiale de l’histoire de l’association, je voulais rendre à son équipe et aux adhérent·es tout ce qu’ils et elles ont pu m’apporter durant mon service civique. En tant que chargé de la vidéothèque, j’ai eu le temps et la curiosité de découvrir et d’approfondir de nombreuses filmographies. Je prenais aussi à coeur de découvrir de nouvelles formes d’écritures, des essais esthétique et sonores, des manières diverses de mettre en scène le réel pour l’appréhender quotidiennement sous un autre angle.
Un point important, l’association a à coeur de faire se rencontrer le public et les cinéastes. Une volonté, déjà propre au cinéma documentaire, de briser la frontière entre le monde professionnel et les spectateur·rices. Un aspect que j’estime particulièrement et que je voulais donc prolonger dans le cadre des soirées BISTRORAMA, pouvoir rendre accessible aux plus grand nombres ces multiples visions et approches du réel.
Comment programmes-tu les séances de Bistrorama ?
A l’initiative de cette programmation, il y a aussi ma rencontre avec les étudiant·es du nouveau Master de réalisation documentaire de Rennes 2. Plusieurs d’entres nous ont pu réaliser des courts métrages, dans le cadre d’exercices, de projets personnels ou bien collectifs. Je souhaitais alors pouvoir mettre en avant leurs créations pour leur permettre d’avoir un premier contact avec un public, pouvoir accompagner leurs films et échanger sur leur processus de fabrication. J’ai le sentiment que ces échanges permettent de démystifier la création au sens large, remettre en avant l’idée de départ, le travail en collectif et le résultat final qui à travers les rencontres et les discussions n’a pas fini d’évoluer et de grandir dans le regard de chacun·e. Pourquoi pas même donner envie à tous·tes de réaliser et de créer à partir du réel, sous toutes ses formes.
Donc, à partir d’un film étudiant, je choisis un thème pour la soirée. Ensuite, je cherche et sélectionne des films documentaires autour de ce thème. Il me tient à coeur de garder BISTRORAMA et sa programmation ouverts à tous et toutes, je suis en attente et à l’écoute de toutes les propositions de films que des ami·es, des adhérent·es peuvent avoir. De mon côté, mes recherches vont de mes connaissances, du réseau de Comptoir du Doc, au site de Film-documentaire.fr jusqu’à mes rencontres en festivals. En étant extérieur aux salles de projection traditionnelles, je cherche à mettre en avant des films qui sortent des sentiers battus, qui ont été peu diffusés. Avec des propositions esthétiques intéressantes (documentaire animés, stop-motion, univers 3D, Google Street View…), des approches de l’écriture et du montage différentes (en musique, film d’archives…) et des sujets passionnants, importants et en marges ( la vie des agriculteurs·rices, urgence climatique, délocalisation et déshumanisation du travail…)
Je dois prendre en compte quelques contraintes sur cette programmation. N’ayant qu’une petite enveloppe budgétaire (versée par la ville via le FRIJ), mes recherches se limitent souvent à des cinéastes de la région, pour éviter un trop gros défraiement sur leurs déplacements et hébergements. Jusque là, j’ai eu énormément de chance et les cinéastes invité·es sont toujours venu·es avec enthousiasme et curiosité aux bistrots !
Quel public vises-tu avec cette programmation ? Quelle atmosphère cherches-tu à créer ?
BISTRORAMA est ouvert à tous et toutes, pour les curieux.·ses, les professionnel·les, les amateur·ices et les novices du cinéma documentaire.
Les lieux de convivialité que sont les bars de Rennes permettent à chacun·e d’y trouver sa place, voir même de tomber sur les soirées par le plus beau des hasards. Je suis très attaché à la ville de Rennes, chaque lieu est unique avec son atmosphère singulière. J’espère pouvoir faire voyager cette programmation dans tous les quartiers de la ville, que ce soit dans le coeur culturel de Rennes, dans le vieux centre-ville, aux Gayeulles, à Maurepas ! Il y a mille lieux de projection donc autant de programmations à imaginer. C’est à travers cette diversité que je communique mon enthousiasme et ma curiosité !
Photo de gauche à droite : Thomas Baudre, Killian Bouthemy, Aurélie Venner
Dans la veine de l’association, il est important d’avoir un échange et une rencontre avec le ou la cinéaste après la projection de son film. Le public peut alors poser ses questions, devant l’audience ou bien de façon plus décontractée par la suite, autour d’un verre, ou deux.
Je pense bien sûr à mes camarades du master qui, pour la plupart, m’accompagnent dans la programmation. J’ai l’espoir que ces soirées puissent être un cadre propice aux rencontres professionnelles et aux opportunités. Un sentiment que j’ai toujours eu à travers les nombreux festivals de documentaires que j’ai pu faire, un monde qui semble très petit, mais finalement très humain et accessible. C’est important pour moi de montrer que le cinéma documentaire n’est pas destiné à une seule génération, à un seul public, mais que c’est un espace de création vivant et dynamique. Avec la présence des étudiant·es du master, j’espère faire rajeunir le public du documentaire.
Comment envisages-tu le futur de Bistrorama ?
BISTRORAMA se renouvelle dans l’histoire de Comptoir du Doc, avec une énergie en ébullition et contagieuse. J’approche chaque soirée avec un enthousiasme communicatif pour dévoiler le plaisir d’être chargé de programmation. Je suis en attente de propositions de films à projeter mais aussi en attente de collaborations sur des envies de communication, de régie technique et d’accompagnement de séance. De nombreuses idées peuvent émerger : une soirée film – concert en mars, une projection en plein air, une soirée karaoké… Nous pouvons inventer nos sorties idéales, des espaces libres en allant en même temps : voir un film, boire un verre, écouter de la musique, danser, discuter.
Photo : Killian Bouthemy , programmateur de Bistrorama
Déjà aujourd’hui, Bistrorama peut évoluer et prendre toutes les formes possibles. Le flambeau est à prendre, à partager ! C’est avec grand plaisir que je maintiens cette flamme jusqu’en juillet 2024. Pour la rentrée de septembre, je reprendrais mes études de cinéma documentaire. J’espère que la programmation continuera de flâner à travers les bars de Rennes encore longtemps après !
Je suis reconnaissant auprès de Comptoir du Doc de me laisser cette opportunité de partager des oeuvres que j’affectionne tout particulièrement. Ces soirées sont des espaces de créations captivantes et de rencontres enrichissantes.