En décembre dernier, le groupe de programmation Ré.Elles a tranché : cinq films feront partie de la sélection du festival en mars prochain !
Une programmation riche qui vous emmènera sur les marches d’un palace parisien, dans les rues de Medellin ou encore dans l’intimité d’un sauna de femmes en Estonie. A travers ces films, c’est la pluralité des regards féministes et queer qui s’exprime. Aux côtés de femmes de chambre revendiquant leurs droits, de cascadeuses dans l’industrie du cinéma post-metoo, de soeurs rescapées des pogroms anti-musulmans en Inde, le festival Ré.Elles vous invite aux Champs Libres et au FRAC Bretagne du 3 au 10 mars.
Anhell69, de Theo Montoya
Roumanie, France Allemagne | 75’ | 2022
Un corbillard sillonne les rues de Medellin, tandis qu’un jeune réalisateur raconte son histoire dans cette ville marquée par les conflits, la violence et les paradoxes. Il se souvient de son enfance, de sa rencontre avec le cinéma d’auteur de son pays et de la découverte de sa sexualité. Il tente ensuite de réaliser son premier film, une fiction sur une secte de fantômes. Le casting se fait au sein de la jeunesse queer de Medellin, mais l’acteur principal meurt d’une overdose, à l’âge de 21 ans. Alors que le réalisateur voit disparaître d’autres amis, ANHELL69 explore les craintes, les doutes et les rêves d’une génération anéantie, et la lutte pour continuer à faire du cinéma.
L’avis du groupe de prog’ : « Un coup de cœur pour la plupart d’entre nous. On est rapidement emporté.es par le récit de ces jeunes queer et par l’atmosphère envoutante et dynamique du film, qui vacille entre documentaire et fiction. »
Les reines du palace, de Karine Morales
France | 64’ | 2021
Rue de la Paix, des femmes de chambre mènent une guerre d’usure contre un géant du luxe. Employées en sous-traitance dans un palace parisien et revendiquant une intégration, elles ont décidé de faire l’inverse de ce que l’on exige d’elles habituellement : désobéir, se mettre en grève, se rendre visibles aux yeux des clients, aux yeux du monde extérieur. Et finalement, sous la poussière des humiliations accumulées qu’un vent de révolte a brusquement soulevée, se découvrir elles-mêmes : reines du palace.
L’avis du groupe de prog’ : « Un film vivifiant où l’on suit la lutte acharnée de ces femmes pour la reconnaissance de leur travail. Avec elles, on célèbre la force de la sororité. »
Les soeurs Pathan, d’Eléonore Boissinot
France | 76’ | 2023
Ahmedabad, dans l’État du Gujarat, le bastion politique des nationalistes hindous. Rescapées des pogroms anti-musulmans de 2002, les sœurs Pathan vivent sous la protection de leur père et de leur grand-mère dans un quartier en marge de la ville. À mesure qu’elles grandissent, le passé les rattrape.
L’avis du groupe de prog’: « Un film coup de cœur, sans prétention esthétique ou pédagogique, qui brise avec subtilité les clichés sur la soumission et la fragilité des femmes musulmanes, autant dans la sphère privée que militante. »
Cascadeuses, d’Elena Avdija
Suisse, France | 84′ | 2022
Cascadeuses plonge dans la vie de Virginie, Petra et Estelle, trois femmes cascadeuses, et interroge la manière dont les rapports de genre structurent l’industrie du cinéma et façonnent les corps. Alors que le mouvement #Metoo offre un nouvel élan à la dénonciation du sexisme dans l’industrie du cinéma, les représentations stéréotypées des femmes sur les écrans restent encore bien ancrées. Les rôles endossés par les cascadeuses restent des rôles de femmes opprimées, battues et maltraitées. Qui porte le poids de cette violence parfois exaltée, et quel impact ce métier a sur la vie privée des cascadeuses ?
L’avis du groupe de prog’ : « Une véritable découverte de la pratique par des femmes d’un métier spectaculaire et invisible à la fois. À travers ces trois portraits, le film dénonce le male gaze et son impact sur les représentations des femmes à l’écran. »
Smoke Sauna Sisterhood, d’Anna Hints
Estonie, Islande, France | 91’ | 2023
Dans l’intimité des saunas sacrés d’Estonie, on chante d’anciens hymnes à la nature, à la naissance ou à la mort et tous les rituels de la vie s’y croisent. Les femmes y racontent ce qu’elles tairaient partout ailleurs, les récits se font écho et dans la fumée des pierres brûlantes, la condition féminine apparaît, dans toute sa violence et sa force éternelle.
L’avis du groupe de prog’ : « Un film envoûtant, qui dévoile avec délicatesse les corps et les récits. La réalisatrice nous invite à écouter de manière active, et rend hommage à des rituels anciens de sororité. Une sociologie des rencontres entre femmes et de la force purificatrice du partage de l’intime. »