Ce mercredi 8 novembre à Bain-de-Bretagne, les collégiens n’ont qu’une rue à traverser pour entrer dans le cinéma « Le Scénario ».
Les quatre classes de 4ème et 3ème SEGPA du collège Le Chêne Vert viennent assister à la séance du film La vie totale, de Samuel Quinton-Poisson, organisée dans le cadre du Mois du Doc par le collège, la Communauté de communes et Comptoir du doc.
Après la projection, les collégiens ont pu dialoguer avec le cinéaste Samuel Poisson-Quinton. Celui-ci est venu accompagné de son chien, un des « modèles » du film. Il a également apporté les tableaux peints par Francine pendant la réalisation du film.
« Les tableaux sont mieux ici que dans le film, remarque un collégien.
– C’est marrant, on m’a dit le contraire hier, répond Samuel.
Les échanges commencent. Les questions ont été nombreuses. Le jeune public semble avoir été conquis par la personnalité de Francine : même si « elle ne fait pas la vaisselle », « elle est dynamique » et « elle est gentille ». Samuel précise que pour elle, la peinture n’est pas un travail mais une passion. « Francine peint parce qu’elle en a besoin. Sinon, elle serait malheureuse. »
« J’ai entendu parler de Francine sur l’île de Groix. J’ai vu ces portraits chez les commerçants. Je lui ai demandé de peindre mon chien… mais le film n’a commencé que 3 ans après ».
Samuel évoque les différents temps de la réalisation d’un film : le temps de se connaître avant le tournage, le temps des rencontres avec caméra, le temps de réécriture des prochaines scènes et le temps de montage (deux fois deux semaines). Ces propos sont repris par l’enseignant pour montrer qu’une relation et qu’un travail bien fait nécessitent de la durée. Durée souvent difficile à tenir pour ces jeunes qui vivent dans l’instant.
Le temps qui passe, c’est aussi celui des souvenirs que Francine consigne dans son journal. « Francine m’a dit qu’elle avait écrit un journal intime. Elle me l’a fait lire. » Les jeunes ont ensuite pu feuilleter le journal que Samuel a édité à l’occasion de la sortie DVD du film.
Ce journal fait écho au journal filmé que Samuel avait commencé.
« Vous savez ce que c’est qu’un journal filmé ?
Pas de réponse du public.
-Un journal intime ?
– Oui.
– Et bien, c’est pareil avec une caméra. »
L’occasion aussi d’une question sur la mise en scène.
« Est-ce que vous arrangiez les choses quand vous tourniez ?
– Oui car je filme seul et comme j’apparais à l’image, je suis obligé de préparer les éléments qui apparaissent dans le cadre, de dire à Francine où se mettre et où sera la caméra. » Samuel explique le côté artisanal de son film. « J’aimerais faire un autre film en filmant avec de la pellicule. Ce film-là est en numérique. Pour le prochain, je devrai trouver un producteur. »
Pour terminer l’échange, Samuel a une proposition à formuler aux élèves. :
« Francine est quelqu’un d’assez seule. Elle aime beaucoup appeler au téléphone et être appelée. Ça va être compliqué pour vous de le faire mais vous pourriez peut-être lui envoyer une carte postale. »
L’idée est immédiatement approuvée par l’enseignant : « demain, en cours de français, par petits groupes, vous pourrez lui écrire une carte postale. Et je propose en plus qu’on utilise comme thème le titre du film La vie totale. A la fin du film, il y a un extrait de son journal où elle explique son rêve de vie. Dans la carte, vous pourriez lui dire ce que c’est pour vous que la vie totale. »
L’échange très fructueux se termine en bas de la salle devant les tableaux de Francine et autour de Samuel sollicité pour quelques questions plus personnelles.
« Et je vous voudrais une vie totale
une maison une voiture un terrain
avoir des légumes qui pouce
dans le jardin pour l’hivers. »
extrait du journal de Francine Guillon
Un texte de Jean-Luc Lebreton